Évitez d'acheter une fausse oeuvre d'art
Apprenez-en plus les différentes techniques d'identification et détection de faux tableaux. Sachez reconnaitre comment les faussaires falsifient une oeuvre.
Identification, détection et répression de faux sont trois domaines où laboratoires scientifiques, experts artistiques et tribunaux doivent joindre leurs efforts pour démasquer les faussaires.
Identification et détection de faux
Il existe autant de techniques d’identification et de détection de faux que de techniques de falsification. Les scientifiques et experts en art sont toujours à la recherche de moyens d’innover dans le domaine de falsification d’œuvres d’art afin de démasquer les faussaires et de retirer les œuvres contre-façonnées des musées et du marché de l’art.
Analyse des matériaux
En laboratoire, l’étude des matériaux utilisés tant dans la peinture que pour la construction du canevas peuvent révéler la nature d’un faux. Grâce à des rayons X, on peut observer les clous utilisés pour la construction du canevas : plusieurs faussaires, dans l’histoire, ont négligé ce détail dans la production de leurs toiles, utilisant des clous manufacturés pour construire des canevas supposément originaires du 14e siècle.
Analyse des pigments de peinture
L’étude chimique des pigments de peinture peut également révéler la véritable date de production d’une toile : la composition des pigments évolue avec les styles, les mouvements et les époques, permettant de situer la toile assez précisément sur une fresque du temps.
Le faussaire Van Meegeren est un exemple notoire de précaution, dans cette situation : pour produire ses toiles, il faisait d’exhaustives recherches afin de composer les pigments dont il avait besoin de la même manière que les artistes qu’il imitait.
Analyse des éléments graphiques
Les experts d’art se concentrent quant à eux sur les éléments graphiques des faux.
La signature joue un grand rôle dans l’identification de faux : difficilement imitée, elle sert de preuve aux experts, car la moindre petite erreur peut être signe d’un faussaire.
Les craquelures dans les toiles sont également observées : certains faussaires les produisent littéralement grâce à de petits outils, d’autres utilisent des produits qui font craquer la peinture, pour qu’elle corresponde à l’époque d’où devraient dater les toiles.
Finalement, plusieurs faux ont été détectés dans l’histoire à cause d’erreurs iconographiques ou d’anachronismes. Ces facteurs se transformant au gré des mouvements et écoles artistiques, les erreurs sont fréquentes et le faussaire, tout comme l’expert, doit y rester alerte.
La preuve des experts
Dans le cas d’un procès, l’autorité des experts d’art et des laboratoires de musée peut être contestée, faute à un manque de législation et d’égalité internationale des mesures. Dans certains pays, la répression envers les faux est plus sévère que dans d’autres.
En France, depuis juillet 1973, un ensemble de lois accusent le faussaire à la fois de fabrication de faux artistique (vol de propriété intellectuelle) et de fraude commerciale.
Techniques de falsification d’œuvres d’art
Comment les faussaires s’y prennent-ils pour reproduire presque parfaitement des œuvres d’art ? Voici un résumé des techniques les plus courantes utilisées dans le monde de la contrefaçon artistique.
Comment faire croire qu’une œuvre d’art falsifiée est authentique ? Le défi est de taille, surtout que la majorité des faussaires — à l’instar d’Han van Meegeren, qui, au 20e siècle, désirait créer des faux Vermeer parfaits, que les experts devaient identifier comme datant du 16e siècle — cherchent à reproduire sans la moindre erreur technique des œuvres conçues plusieurs siècles avant leur époque.
Une toile volontairement vieillit
Pour troubler les experts, qui regroupent autant de critiques d’art que de chimistes, les faussaires qui n’y connaissent rien altèrent volontairement leurs toiles : ils les rapiècent, les boursoufflent et les craquèlent, pour donner un effet ancien au canevas. Ces procédés, cependant, sont rapidement détectés par une analyse chimique des matériaux.
Les plus grands faussaires ont recours à des méthodes autrement plus complexes, qui demandent une patience, une expertise et des ressources bien au-delà des quelques illusions d’optique nommées ci-haut.
Une démarche artistique copiée
Han van Meegeren, par exemple, s’est appliqué pendant dix ans à apprendre le coup de pinceau et même les recettes de couleur des artistes de l’Âge d’or de la peinture hollandaise, se plongeant également dans leur biographie afin de vivre le même processus créatif qui avait inspiré ceux qu’il désirait copier. Ainsi, il est parvenu à faire mentir plusieurs critiques d’art de l’époque, qui s’émerveillaient devant tous les « authentiques Vermeer » que van Meegeren avait créé.
Faux pedigrees
Plusieurs faussaires sont également passés maîtres dans la création d’inscriptions imaginaires, apposant au dos de leurs toiles des pedigrees facétieux, montés de toutes pièces, indiquant que l’œuvre avait appartenu à telle ou telle galerie de grand nom, à une exposition fameuse, à un mécène célèbre…
Signature modifiée
L’apogée de cette branche de la falsification est l’altération de la signature.
En peinture, les faussaires grattent, recouvrent ou modifient la signature d’un artiste pour attribuer sa toile à un autre, plus en vogue. En sculpture, Guy Hain s’était procuré le moule de la signature du fondeur officiel de Rodin, et l’appliquait à tous les faux qu’il produisait.
Aujourd’hui, la signature de l’artiste, qui, à la Renaissance, lui conférait tout son statut, n’est plus garantie d’authenticité.
Pour être certain que l’on n’a pas affaire à un faux, en peinture, il faut examiner l’uniformité des craquelures formées par la peinture et le vernis et s’assurer que celles de l’ensemble du tableau concordent avec celles de la région de la signature. Une radiographie d’un tableau peut également indiquer si une signature plus ancienne se cache sous d’autres couches de peinture.
Modifications d'oeuvres originales
Pour faire croître leurs profits, plusieurs faussaires ont morcelé des grandes toiles pour en faire une collection de petites œuvres. D’autres, plus talentueux, ont imité le style d’artistes tels que Cézanne ou Manet, pour compléter des tableaux inachevés que les artistes laissaient derrière eux.
Internet et logiciels d’altération d’images
De nos jours, l’avènement de la technologie et des logiciels d’altération d’images rend le travail des faussaires encore plus aisé : bien qu’il ne les avance pas dans la falsification d’œuvres anciennes, il leur permet de se procurer, de modifier et de s’approprier, sans trop d’embûches, une œuvre visuelle, musicale ou littéraire.
Bien que les législations en matière de droits d’auteurs tentent de s’adapter du mieux qu’elles le peuvent, il leur reste un long chemin à faire afin de protéger adéquatement la propriété intellectuelle des artistes qui exposent leurs œuvres en ligne : les faussaires, à qui Internet garantit un anonymat sans précédent, sont difficiles à retracer, et comme toujours, en art, la question se pose — où s’arrête l’imitation, issue d’une admiration naïve et sans intentions mesquines, et où commence le plagiat ?
Brève histoire de la contrefaçon d’œuvres d’art en Occident
De l’Antiquité romaine à nos jours, la production de faux a toujours accompagné celle d’œuvres d’art.
Qui dit œuvres d’art dit contrefaçon : l’appât du gain appelle ceux qui ne peuvent être reconnus pour leur art à imiter celui d’autres afin de gagner leur vie.
Empire Romain
Ainsi, déjà sous l’Empire Romain, la demande d’œuvres grecques est si grande que plusieurs artistes méconnus y voient une occasion de mettre à profit leur talent. Jusqu’à aujourd’hui, la tradition du faux s’est perpétuée, fluctuant en popularité selon les époques.
Moyen Âge
Au Moyen Âge, la tradition de l’identité de l’artiste devient floue, et le faussaire n’a donc plus lieu d’être : il ne peut plus utiliser un nom plus connu que le sien pour faire vendre son art.
Renaissance
C’est à la Renaissance que la contrefaçon d’art connaît l’essor qui la suit jusqu’à nos jours. La montée des concepts de propriété intellectuelle et artistique rend la vie du faussaire plus dangereuse, puisque son activité est désormais condamnable, mais elle la rend également plus profitable, la valeur d’une signature donnant tout son attrait à une toile.
Albrecht Dürer est l’un des premiers artistes dont l’intégrité artistique a été compromise, au 16e siècle : ses élèves ajoutent à leurs œuvres la signature de leur maître, essayant de leur donner une valeur plus importante. En 1799, Dürer est à nouveau victime d’un faussaire lorsqu’un important habitant de Nuremberg, Wolfgang Küffner, emprunte l’une de ses toiles, et remet à sa place un faux.
20e siècle
Au 20e siècle, la contrefaçon d’œuvres d’art connaît un nouveau boom avec l’arrivée sur le marché d’artistes contemporains tels que Picasso, Matisse et Dalí.
Durant et après la Deuxième Guerre mondiale, l’essor que connaît l’art en Europe, surtout en France, est accompagné d’une montée de la proportion de faux en circulation. Parmi les faux et les faussaires les plus célèbres du 20e siècle, on compte Yves Chaudron et ses copies de la Joconde, Fernand Legros, David Stein et Guy Hain.
Au fil du siècle, certains faussaires se sont même intéressés à la fabrication de faux artéfacts de l’époque étrusques : le cas des Guerriers en terracotta d’Alfredo Fioravanti, vendus au Metropolitan Museum of Art et authentifiés, à tort, par les experts du même musée, a été largement médiatisé.
De nos jours
Aujourd’hui, la question des faux redevient de plus en plus importante : dans un monde où tout peut se transmettre par Internet, la propriété intellectuelle est de plus en plus mise en danger. Dans le monde de l’art graphique ou informatique, il est difficile de protéger ses œuvres, et les législations dans ce domaine commencent tout juste à émerger.
P.-S. Savez-vous qu’au-delà des conseils sur l’achat d’oeuvres d’art, Guide Artistique c’est aussi une encyclopédie sur l’histoire de l’art et un guide des meilleurs musées et galeries d’art à visiter !
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